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  • Photo du rédacteurSamantha Liger

Week-end à Berlin

(Entre copines hein!)


Février 2017. C’est l’hiver. Il grisaille, il fait froid, il fait triste. Comme tous les ans à cette période avec les copines, l’envie de soleil et de voyages nous prend. Nous nous retrouvons pour le traditionnel apéro du « où allons-nous en Espagne pour aller se réchauffer et faire la fête ? ».


Quelques échanges de mails mettent Barcelone gagnante suivie de près par Madrid. Le Plan est de rouler toute la nuit, dormir quelques heures dans la voiture (A trois serrées, la nuit d’hiver en Espagne ne nous fait même pas peur !), profiter de la journée pour faire des visites culturelles, faire la fête la nuit, dormir quelques heures dans l’appart que nous aurons réservé, aller au marché, flâner dans la ville, refaire la fête, dormir quelques heures et tirer à la courte paille pour savoir qui prendra le premier tour de conduite pour rentrer en France.


L’apéro sert à réserver, choisir ensemble les visites, repérer les lieux des festivités. Quelques heures plus tard, les billets d’avion pour Berlin sont pris. Fi du soleil et de l’ambiance festive du Sud! Après quelques bières, Berlin nous appelle…


Le choix du logement


Nous savons déjà que contrairement à ce qui était prévu, nous ne passerons pas la première nuit toutes les trois entassées dans la voiture. Aussi, nous recherchons une auberge de jeunesse.

C’est simple, nous sommes trois, nous retenons chacune un critère différent. Nous n’avons plus qu’à trouver une auberge :


- Où nous ne serons pas trop nombreux dans la chambre

- Non loin du centre-ville

- Avec des douches chaudes


2 heures plus tard, nous avons trouvé la perle rare. Nous serons 6 dans le dortoir, nous savons où elle se trouve mais nous n’avons pas pu déterminer le centre exact de Berlin, et il y a des douches. Peut-être même qu’elles seront chaudes. Cela dit, à 12€ la nuit chacune, moi, je veux même bien dormir dans le couloir !


L'impact de balle, il était en prime

Le trajet


Trois heures de route jusqu’à l’aéroport. 180 km. Et oui, nous vivons à la campagne.

Deux heures et demi d’avion jusqu’à Berlin. 1694km. Ça laisse rêveur…


Il y a bien une copine phobique de l’avion, détail que nous avions mis de côté pendant les préparatifs. Elle nous supplie d’y aller en voiture. Monsieur ViaMichelin décrète qu’il y en a pour 16h37 de route. Notre copine va prendre de l’homéopathie, mais nous allons voler pour rejoindre la capitale allemande !


Nous quittons la France sous un soleil radieux. Nous survolons des montagnes et des lacs, des plaines et des villes. Lorsque nous passons au-dessus des nuages, je trouve cette mer blanche moutonneuse magnifique. Le soleil se couche en dessous quelques minutes avant que l’avion ne commence la descente. C’est très beau. C’est aussi à ce moment que je comprends que sous les nuages, il y a un temps fatalement pourri. Et aussi qu’il y a Berlin.


Là dessous, il grisaille, il fait froid, il fait triste. Et en plus, il y a des blocs de glaçons dans les rivières. Mais quelle idée nous avons eu de ne pas aller danser à Barcelone !


La langue


Mes connaissances en langue allemande se limitent à « Guten Tag », « Was ist es ? », « Ich liebe dich », et « Scheiße ». Cela dit, je suis quasiment sûre de pouvoir les placer à la suite les uns des autres dans la même conversation ! À l’heure actuelle, mon vocabulaire allemand ne nous aide pas.


Nous passons vingt bonnes minutes à tenter d’écrire le nom de la station où nous devons aller sur l’écran de la machine à tickets de métro. Même en trouvant l’option « français ». Il faut avouer que même si les mots sont traduits dans notre langue, le nom des stations est légèrement imprononçable.


« Zuf fallt aus » peut très bien vouloir dire « Le RER a du retard » comme « Il n’y a plus de RER avant demain », voire même « Ah ah ah ! Vous n’avez qu’à parler allemand et vous flipperiez beaucoup moins de ne rien comprendre à ce qu’il y a d’écrit sur le panneau lumineux ! ».


Les frais de roaming seront gratuits un jour en Europe, mais cet hiver-là, nous n’avons pas internet, pas de traducteur et le RER aurait dû passer depuis une bonne demi-heure. J’ai déjà deux paires de chaussettes dans mes bottes et je regrette de ne pas voir pris un deuxième bonnet.


Un groupe de quatre filles arrivent sur le quai, sous leurs gros sacs à dos de backpackers. Elles vont dans la même auberge que nous, nous n’avons qu’à les suivre. Ça s’appelle la chance.


Le bar caché


Nous posons rapidement nos mini bagages dans nos casiers, nous repérons nos lits (celui du haut pour moi évidemment, je suis une gamine !) et nous ressortons illico ! Nous sommes dans le quartier de Kreuzberg, il est 23h et il est grand temps de faire la fête toute la nuit. De toute façon, nous ne pourrions pas dormir à l’auberge cette nuit, il y a un mariage dans la salle des fêtes en dessous de notre chambre. Au passage, c’est un mariage très kitch…


Graf sur un immeuble de Kreuzberg

Il y a des tonnes de bars et de clubs à Berlin. Il y en a pour tous les goûts. Nous déambulons au hasard, en se disant qu’il fait beaucoup moins froid maintenant que nous avons mangé un kebab et que nous savons qu’une bière nous attend.


A gauche après la bouche de métro aérien, quelques mètres après le supermarché, il se trouve une petite porte dérobée recouverte d’autocollants. Il suffit de monter les escaliers dans l’obscurité. Sur la porte de droite, la plaque d’un médecin indique certainement que les clients matinaux n’ont qu’à passer le pas de porte pour aller soigner leur gueule de bois. À gauche, la musique électro nous accueille. Le ventilo qui tourne entre les tuyaux du plafond, le bar d’ébène, la scène au fond, la salle de jeux cachée derrière le rideau sombre. Et la boule à facettes. Parce que nous sommes à Berlin et qu’il y a des boules à facettes dans tous les bars.


The Monarch bar

Nous sirotons notre Beck’s sur la banquette, le front collé aux vitres bombées et teintées de buée donnant dans la rue. Les passants ne nous voient pas. Ils ne savent pas qu’au dessus d’eux, à côté du toit d’un petit supermarché, ou dans d’autres bars cachés et improbables de Berlin, nous allons faire la fête jusqu’au petit matin. Trois nuits consécutives.


La nuit à l’auberge


Il serait plus exact de dire « les petits matins à l’auberge ». Lorsque nous rentrons au lever du soleil, nous croisons deux joggers qui descendent en courant les marches de l’auberge pour leur footing matinal. Choc culturel.

Nous ne faisons pas de bruits en rentrant dans la chambre, deux personnes sont arrivées pendant que nous festoyions au bar et dorment à poings fermés dans les lits superposés voisins. Nous nous entravons dans les sacs, je fouille vingt minutes pour trouver mon étui à lentilles, nous nous battons pour savoir quelles boules Quiès appartiennent à qui. De toute façon, ça ne servait à rien d’être silencieuses. Les lits grincent. Ils grincent beaucoup.


Quelques heures plus tard, c’est l’inverse. Nos voisins sortent de leur lit précautionneusement. Ils s’entravent dans leurs sacs, fouillent dans leurs trousses de toilette pour y trouver leurs brosses à dents et se battent pour savoir à qui appartiennent les paires de chaussettes. De toute façon, cela ne sert à rien d’être silencieux. La porte grince. Elle grince beaucoup.


Ce n’est pas grave. Nous sommes jeunes. Nous sommes à Berlin. Nous faisons la fête mais nous voulons aussi profiter de la ville en journée. Nous dormirons plus tard. Un jour. Et puis une bonne douche fraîche et sans pression, ça réveille !

Ville au passé trouble


À quelques pas de l’auberge, nous traversons le Check point Charlie, poste frontière entre le secteur Ouest américain et le secteur Est soviétique, devenu aujourd’hui un lieu symbolique où sont vendues des cartes postales contenant des morceaux du Mur. (Non non, ne vous laissez pas tenter. Il y a des cartes et des souvenirs tellement plus authentiques un peu partout dans la ville...)

Souvenir du Check Point Charly, East Side Gallery


Nous entrons dans la Topographie de la terreur, musée gratuit retraçant l’horreur de la montée au pouvoir d’Hitler et des crimes nazis ainsi que l’histoire de la Résistance allemande. Des photos parfois insoutenables, des explications précises en anglais et allemand, un devoir de mémoire émouvant mais difficile. Et qui donne aussi le ton de la souffrance qu’ont connu Berlin et l’Allemagne.


S’ensuivent la Porte de Brandebourg, le Reichstag, le Mémorial de l’Holocauste, l’Église des souvenirs… Autant de lieux et monuments qui témoignent du passé douloureux de la ville lors de la montée du fascisme, de la seconde guerre mondiale et de la guerre froide.


la Porte de Brandebourg


Mémorial de l'holocauste


Le Reichtag


Nous enchaînerons le lendemain sur l’East Side Gallery où nous suivons sur 1,6km la partie du Mur encore « debout » et servant de support à une exposition de Street Art. Messages de paix et de liberté, qui prennent tout leur sens dans le passé trouble de la ville.



Ville au présent riche



Une promenade dans Friedrichshain, quartier de l’ancien Berlin Est, véritable œuvre d’art à ciel ouvert, où fresques naïves sur les murs côtoient des graffs beaucoup plus trash, des collages improbables et une collection d’objets anciens et rouillés accrochés aux poteaux, pendus aux balcons ou posés à côté des tables des biergartens (jardins à bières). Les petites ruelles grises de béton, mais colorées d’art, les squats d’anarchistes et de libertaires contrastent avec l’Alexanderplatz, l’immense place, vitrine clinquante de l’Est chère à Staline où poussera la Fernsehturm, la tour de télévision qui offre un panorama sur toute la ville. Même sous la pluie. Et même si son ascenseur m’a largement fait regretter mon currywurst.


la Fernsehturm

L’explosion de l’art et de la liberté se retrouvent à chaque coin de rue, dans chaque peinture murale, dans chaque bar où la musique s’invente sur des petites scènes cachées.



Lorsque nous rentrons à l’auberge, sous la pluie fine et froide qui ne nous a presque pas quitté du week end, nous essayons de ne pas penser qu’il ne nous reste que quelques heures à dormir avant de rentrer en France.

En chantonnant The Passengers, puisque, rollers aux pieds et Beck’s à la main, nous avons passé la soirée dans le même bar que Iggy Pop et David Bowie dans leur période berlinoise, nous déambulons dans les rues. (enfin, avouons que nous nous sommes perdues!). Nous regrettons déjà l’austère mais créative Berlin, la Spee, sa rivière gelée, ses immenses parcs d’arbres nus, son douloureux passé et son avenir plein de promesses et d’ouverture.


Mais rassurons-nous ! A 2h30 et 33€ l’aller-retour en avion, j’y passerais quand même bien tous mes week end...






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