Avril 2018. Il pleut depuis plusieurs siècles sur les collines gersoises, comme sur le pays tout entier. Les vacances de Pâques se profilent à l’horizon et ne laissent que peu de choix sur une destination moins humide : nous irons en Espagne, et plus précisément à Tarragone, en Catalogne.
La première nuit sur route
Le voyage commence dès le vendredi 17h45 sur le parking de l’école du Gnome, qui du haut de ses 9 ans, a décidé de la destination (« On va n’importe où Maman, tant qu’il y a des ruines romaines, la plage et du soleil, et à manger. »). Comme d’habitude, nous effectuons les deux heures de route en France sous une pluie battante avant de trouver une accalmie après le passage des Pyrénées. La première nuit se passe sur une aire de camping car immense et grandiose, pour notre petite kangouroutine, dans un tout petit village près de Lerida. Nous avons trop chaud dans notre sac de couchage sous les 12° nocturnes. Cela me rassure. C’est la première fois que nous bivouaquons à cette saison, et j’avais très très peur du froid !
Le petit déjeuner à Vinaixa
Le premier des monastères espagnols*
Nous arrivons sur Tarragona après un arrêt déjeuner/pipi à l’ermitage de la mare de Deu dels Torrents, lieu de quiétude et une visite au Monastère de Poblet. Il y a du soleil, la mer et des vestiges romains. Le Gnome est heureux. Ca vaut bien un apéro tout cela. Nous avons une petite pensée pour tous nos amis et notre famille restée sous la pluie à quelques centaines de kilomètres de là.
L'ermitage de la mare de Deu dels Torrents, l'endroit le plus paisible du monde
Tarragona sans plan
Nous garons la voiture sur un petit parking en surplomb de la mer parmi des camping-car allemands et suisses, qui nous indiquent être là depuis plusieurs jours sans visite de la Guardia. Je ne m’en fais pas trop de toute façon. Avec ma petite voiture (voire avec notre petite taille, je n’ai jamais bien su), nous passons souvent inaperçus.
La ville, de l’autre côté de la voie ferrée, nous attend. Curieusement, nous mettons 1h15 pour l’atteindre, dix minutes pour en revenir, par des routes différentes que nous saurons pas forcément emprunter de nouveau les jours suivants. Tarragona est un vrai labyrinthe.
La vue du bout du parking du Forti de la Reine, où nous allons dormir quelques jours
Les vestiges romains
Au détour de nos multiples errances, nous tombons sur les restes du forum, qui s’élèvent au milieu des maisons. L’imposant amphithéâtre nous offre une magnifique vue sur la mer. Le musée archéologique a élu domicile dans l’ancien cirque et nous apprenons ainsi l’histoire de Tarraco, capitale de la province romaine de Tarragonaise, résidence d’Auguste lorsqu’il se rendait dans la péninsule ibérique.
Mon téléphone portable est également un vieux monument. Sa batterie vient de rendre l’âme au sommet de la tour et de sa belle vue sur la ville.
Le cirque romain
La ciudad
Que nenni. L’absence de téléphone, et donc de GPS, nous « force » à déambuler dans les rues du Casco Antiguo, les yeux rivés sur toutes les petites découvertes que nous faisons. La tenancière d’un snack nous accueille à coup de burgers qui sourient et accepte de charger ma batterie de secours, qui porte très très bien son nom. Nous flânons dans les quartiers que mon Gnome a baptisé TC Cats, pour la vue plongeante que nous avons sur les terrains vagues entre deux résidences à bains de soleil et palmiers, et les colonies de chats qui s’y ébattent.
Le monumento a los Castelleres, statue représentant les tours humaines catalanes, est vide en ce printemps non touristique, et grosso modo, la ville est à nous.
Los castelleres, symbole de "l'union fait la force"
La playa
Le lendemain est consacré à une balade sur le littoral. Nous commençons, raisonnables, récitant les subtilités de la différence entre « c’est/s’est/ces/ses » (ben oui, c’est les vacances, mais quand même..), sous la grisaille, sur la playa de l’Arrabassada, belle et au sable clair. Nous continuons, alors que le ciel s’éclaircit et que nous abordons la différence, incompréhensive aux yeux de mon Gnome, entre « ou » et « où » sur la playa Savinova. Nous suivons le sentier maritime qui nous mène à la petite plage dels Capellans sur fond de « son » et « sont ». Arrivés sur la playa Llarga, immense, le Gnome n’y tient plus. Il fuit le cours magistral sur « a/à » et plonge en short dans les vagues de ce mois d’avril et ses 25°. *
Sur le sentier maritime
Le départ
Demain, la pluie viendra s’abattre sur Tarragone. Il est temps pour nous de partir vers le soleil qui, selon la météo, poindra sur les montagnes de Montserrat dès demain matin. Nous aérons la voiture, étendons nos sacs de couchage sur la murette à côté de laquelle nous sommes garés, en surplomb de la Plage du Miracle, et j’essaie de rentrer tout notre bazar dans le coffre en mode Tetris.
J’ai juste eu le temps de voir le chien lever la patte. C’est trop tard. Mon sac de couchage est devenu une pissotière. Nous quittons donc Tarragona, après un dernier adieu à l’aqueduc et en cherchant désespérément un lavotomatic. Mais tout cela est une autre histoire
Le Pont du Diable, dernière portion visible de l'aqueduc desservant l'eau sur l'antique Tarragone
* A chaque voyage en Espagne, on finit toujours dans un monastère. Le Gnome en a conclu qu moine était le métier le lus courant en Espagne.
* Trois ans plus tard, le Gnome doit faire un écrit sur une expérience vécue, avec un "coup de théâtre" amenant un dénouement heureux. Je me suis donc aperçue que nous n'avons absolument pas vécu l'épisode du chien de la même façon! (et aussi qu'il fallait revoir un certain nombre de règles grammaticales...)
J'adore les visions différentes sur l'épisode du chien ! 😂😂😂