« On fait quoi ce week-end ?
- On va bivouaquer dans la nature, mais sans randonner pendant des heures en grimpant avec une tente sur le dos ! ».
Fin septembre 2021. Je me demande encore pourquoi je pose ce genre de questions…
Nous voilà donc partis. Mon Ours de chéri contre qui je viens de ronchonchonner car il n’a pas chargé la voiture (occupé qu’il était à faire une liste de ce que nous devions prendre car j’aurais aussi ronchonchonner s’il avait oublié le sel ou l’appareil photo en chargeant, oui je sais, je suis terriblement chiante!). Mon Gnome de 13 ans et ses idées farfelues. Et le Démon Blanc, mon setter d’un an et demi qui piaffait d’impatience en voyant les sacs s’accumuler dans le salon et qui va se coucher dans son coussin devant ma ronchochonnade. Il croit toujours que c’est pour lui.
Un petit coup de voiture, un petit arrêt pour acheter du fromage, des crunchs et des tourtels (l’Ours et moi, nous sommes prévoyants, nous avons déjà nos bières!) et nous débarquons à Cahuzac sur l’Adour, Gers, 32.
Il est 17 heures et des brouettes. L’Ours et le Gnome crient famine alors nous faisons une pause près de l’Adour. J’essaie de les convaincre que l’on peut s’y baigner, mais ils semblent septiques. Seul le Démon Blanc s’ébroue dans la rivière. Et puis, ça monte noir, nous rangeons notre goûter et nous suivons le sentier de l’Adour.
Le Démon Blanc, impossible à photographier sur l'aire de pique-nique de Cahuzac sur l'Adour
Quelques centaines de mètres plus loin, nous passons de nouveau près de la rivière. Un coin un peu isolé, un peu abrité. L’idéal pour planter nos deux tentes en toute discrétion. Je ne pensais pas que l’on bivouaquerait ici. J’avais regardé sur Maps, et j’avais plutôt repéré les cinq ou six lacs de ce petit village gersois. Pour camper dans la nature, je cherche les lacs de pêcheurs. Car les pêcheurs, et bien ils campent aussi. Parce que quand même, j’ai un petit côté pétocharde et je suis rassurée de savoir que je ne suis pas la seule toile de tente en pleine nature.
L'Adour, site rêvé pour un bivouac
J’essaie de convaincre les hommes de pousser nos recherches un peu plus loin. Mais faut dire que ce coin est vraiment charmant, et que je m’y vois bien demain matin, buvant mon café sur le rivage pendant que le Gnome pêche des écrevisses (question aux gersois : y’a-t-il des écrevisses dans l’Adour?) sous l’œil attentif du Démon Blanc.
Ils me suivent quand même. J’ai l’appareil autour du cou, et ils savent très bien que j’ai un plaisir immense à prendre des photos d’étendues d’eau à la lumière de fin de journée. Nous passons un premier lac, bordé par le sentier, quelques arbres et des pêcheurs en train de plier bagage. Je mitraille.
Le ciel s’obscurcit un peu. Le vent se lève. L’Ours et le Gnome sont aux anges, ils adorent ce temps. J’essaie de capturer, en vain, les feuilles jaunes qui tourbillonnent. Nous arrivons sur un deuxième lac.
Les feuilles qui tourbillonnent dans le vent (mais si, mais si, si on se concentre, on les voit!)
L’Ours me demande si c’est bien prudent de continuer. Le Gnome propose de revenir à la voiture chercher nos tentes pour les planter avant l’orage. Je leur montre le ciel, le sens du vent. Je sais que nous allons passer à côté, même si je frissonne au premier éclair. Nous continuons au milieu des églantiers et je prévoie déjà de revenir demain chercher les fruits du « poil à gratter » pour en faire de la confiture. J’interdis au Gnome d’en cueillir pour le collège. Il boude.
Le Gnome se déride devant les multiples éclairs alors que les lacs s’enchainent. Il adore l’orage, tout comme l’Ours. Je leur concède que c’est beau. Que c’est très beau. Mais que ça fait peur. Très peur. Bon, dans tous les cas, je leur ai fait un caprice pour venir jusque là. Pas question de montrer que j’ai la trouille. Je serre les dents !
Ça monte noir!
Nous débouchons au milieu d’une presqu’ile où campe un groupe de pêcheurs. Ils sont en train de préparer le barbecue. Je suis triomphante. Si eux, ils sont là, alors nous allons éviter l’orage. La presqu’ile est sans issue, nous faisons demi-tour pour parvenir sur un autre lac.
Les premières gouttes tombent. Elles sont toutes fines. Je protège quand même mon appareil photo. Mon précieux. Et je rassure les garçons. Ce ne sont que des gouttes, nous allons passer à côté. Tout en poussant un cri sur un grondement un peu plus fort que les autres.
Nous sommes entre deux lacs, c’est magnifique. Je prendrais bien quelques heures pour mitrailler de photos mais les gouttes s’intensifient et se font plus froides. Je cale mon appareil sous mon débardeur et je cours.
Nous rejoignons la route sous une pluie battante, qui, si on regarde au sol, s’est transformée en averse de grêle. A l’abri relatif d’un arbre en bordure d’un grand jardin, l’Ours et le Gnome, pas du tout rancuniers, me protègent de leur corps (faut dire que je suis un mini format à côté d’eux. Même si je le souhaitais, je ne pourrais pas les protéger!). Nous râlons à chaque grêlon qui nous tombe sur la tête. Nous rions. Nous gueulons. Le Démon Blanc pleure en nous regardant de son air malheureux du chien qui se fait gronder. Je crois qu’il pense vraiment que nous sommes en train de le punir à coup de grêlons.
Cahuzac sous la grêle
Et puis ça se calme. Nous détalons sur la route aussi trempée que nous, sous une petite pluie fine qui ne nous mouille même plus. De toute façon, nous dégoulinons déjà. On ne peut pas faire pire.
Arrivés à la voiture, sur l’aire de pique-nique de Cahuzac, nous enfilons des vêtements secs et chauds, en équilibre sur un pied pour ne pas tomber dans les flaques boueuses. Si quelqu’un est passe par là à ce moment, il verra trois exhibitionnistes en sous vêtements et serviettes microfibre en train de se rhabiller en riant. Et un chien couché sur la banquette arrière qui se demande encore ce qu'il fait là.
L'aire de pique-nique de Cahuzac
Pas de bivouac ce jour-là. Pas de café au petit matin sur la rivière. Mais un bain bien chaud et un bon repas dans la tiédeur de notre petite cabane gersoise...
toujours de tres belles photos plus les histoires qui vont avec toutes mes felicitations c est super et que d aventures extraordinaires bravo !!