L’enfermement commence à se faire sentir. J’ai laissé de côté l’itinéraire des prochains voyages, la préparation de ma voiture pour me servir de maison en juillet et je commence à me dire que mon jardin fera un super endroit pour bivouaquer.
Mais ça n’empêche pas de rêver à des temps meilleurs, où nous serons de nouveau libres de nous promener dans la campagne sans craindre de choper un virus (ou plus probablement de nous promener, masqués, munis de notre autorisation de sortie signée par nous-même en argumentant que oui, la montagne est à bien plus d’un kilomètre de ma résidence officielle, mais qu’en revanche, j’y suis seule.)
Alors j’ai commencé à voyager dans ma tête et à me faire la liste de tous les lieux que j’avais envie de revoir. Ma liste est longue, mais, après mûre réflexion, si un souvenir m’appelle particulièrement, ce sont les quelques jours passés au Cabo de Gata, en Andalousie. Il me faut une excuse pour pouvoir y retourner dans ma tête, l’écriture d’un article est parfait pour cela !
Serres et bidonvilles
Cela a pourtant mal commencé. De Motril à Almeria, nous traversons des kilomètres de serres. Tout est recouvert de blanc, du flanc de la montagne jusqu’au bord des plages. On croise parfois, le long de cette interminable autovia toute droite, un village encore plus blanc que le blanc des serres ou un ou deux palmiers échappés de la folie des hommes.
Puis les serres laissent place à un spectacle encore plus dérangeant. Des bidonvilles où loge la main d’œuvre à la limite de l’esclavage venant de l’Afrique toute proche. Le Gnome pleure, et appelle sa grand-mère pour lui rappeler de ne pas manger les tomates bio hors saison venant d’Espagne.
J’ai un sérieux doute en traversant Albaricoques, dernier village avant d’entrer dans la réserve naturelle de Cabo de Gata. Est ce que j’ai eu vraiment raison de quitter la douce région de Malaga pour venir dans cet endroit reconnu sauvage et loin des lieux touristiques habituels d’Andalousie.?
Playazo de Rodalquilar
La réponse vient très vite, dès la première plage où nous cherchons un bivouac pour la nuit, après avoir traversé une palmeraie, pareilles à celle des paysages nord africains.
Alors oui, il y a un vent de fou. Oui la mer est tellement déchainée que nous n’y mettons même pas un orteil. Non, je ne vois absolument pas où nous pourrions bivouaquer. Mais alors quelle beauté! Nous ne résistons pas à l'envie de prendre un petit chemin de randonnée sur la falaise de basalte blanc. C’est la première fois que je découvre une région volcanique. J’ai peine à me dire que je marche sur de la lave refroidie.
La Isleta del Moro
Charmant petit village de pêcheurs qui nous accueille quelques jours. Les petites maisons sont blanches et carrées. Les draps claquent sur les étendoirs. Les pêcheurs se rejoignent boire une bière à côté du parvis de la mini église. Les calamars sont délicieux. D’un côté, la plage aux eaux déchainées pour nous réveiller le matin. De l’autre, la crique toute calme, où armés de nos masques et tubas, nous admirons les oursins et les étoiles de mer. La voiture surplombant la plage, je pourrais vivre là toute ma vie dans cet endroit sauvage et paisible, méconnus des touristes.
La mine d’or de Rodalquilar
Mon Gnome a 11 ans. Et comme tous les gamins de son âge, il joue à Minecraft. Son grand rêve était de visiter des mines. Nous n’avons pas fait les choses à moitié. Dans le désert poussiéreux, c’est carrément une ancienne mine d’or désaffectée et son village fantôme qui nous attend. Petites maisons délabrées ayant accueillies en leur temps des chercheurs d’or. Vieux bâtiments aux mécanismes qui décuplent l’imagination. Chaines de prospection. Mines dans la montagne. Le Gnome et moi sommes comme des gosses (sauf que lui, c’est normal!).
El pozo de los Frailes.
Des volcans. Des vrais. De montagnes jumelles arrondies qui nous regardent durant tout notre séjour et nous rappèlent que nous marchons sur du basalte.
La playa de los Genoveses
Non loin de San Jose, un village de hippies, nous passons l’après-midi entière à nager dans les eaux calmes transparentes de cette plage de basalte blanc, évitant quelques méduses au passage et admirant les oursins. Une des plus belles plages d’Espagne. Je confirme !
Las salinas de Cabo de Gata
Des étangs peu profonds de l’autre côté de la route longeant l’immense plage. Paradis des oiseaux et véritable réserve de sel. Chaque kilomètre de Cabo de Gata nous réserve des paysages différents.
Arrecife de las sirenas
Le récif des sirènes, qui doit son nom, à la présence, jadis, de phoques dont les grognements étaient pris pour le chant de sirènes par les navigateurs. Etant donné que je chante aussi bien que des grognements de phoques, sur la plage à côté des récifs, je me prends pour une belle sirène (avec un coup de soleil, un masque et un tuba, très glamour)
Il est temps pour nous de partir, après avoir passé quelques jours dans cette réserve paisible et sauvage, accueillante et isolée. Dans les moments où le confinement me pèse particulièrement, je ferme les yeux et je nage dans les eaux transparentes méditerranéennes à la recherche de poissons multicolores et de coquillages torsadées.
Portez-vous bien,
Sam
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