Quand j’étais ado, et que j’écrivais un début d’histoire, qui allait immanquablement rejoindre les autres débuts d’histoires dans un tiroir, je pensais que plus tard, je serais écrivaine. Tout simplement.
Cela voulait dire qu’un jour, j’écrirais une fin et aussi un milieu, que je l’enverrais dans une grande enveloppe marron à une Maison d’Édition qui me féliciterait et me ferait un chèque d’avance me permettant de vivre de l’écriture avec mon chat sur les genoux jusqu’à la fin de mes jours. Je comptais passer ma vie entre ma machine à écrire (ben oui, je suis une vieille!), les dédicaces dans les Salons du Livre, et les réceptions où l’on parlerait de mes histoires avec enthousiasme.
Depuis, j’ai grandi (à peine, j’ai 26 ans depuis 13 ans), je suis redescendue sur terre, j’ai un autre taf et je finis mes histoires. J’ai même été éditée par une vraie Maison d’Édition. Mais ce n'était pas suffisant pour subvenir à mes besoins alors j’ai troqué le champagne dans les réceptions contre la lecture de conseils aux jeunes écrivains sur le net (et oui, les temps ont changé depuis la machine à écrire…). J’ai découvert ainsi ce qu’étaient les concours de nouvelles.
Quesako?
Une nouvelle est une courte histoire avec une unité d’action et peu de personnages, dont la chute est généralement imprévisible. En langage « jeune auteure qui a encore besoin d’apprendre », c’est donc un très bon exercice de style qui ne nécessite pas deux ans de travail acharné comme un roman (pour au final ne pas être publié dans une grande maison d’édition contre un chèque hein!). C’est donc une bonne opportunité de s’exercer, comme de se faire connaître, mais aussi parfois s’arrondir les fins de mois.
Les médiathèques, les magazines, les webzines, les maisons d’éditions, les librairies organisent des concours de nouvelles tout au long de l’année. Il y en a pour tous les goûts, pour tous les niveaux et pour toutes les causes.
Où les trouver ?
Souvent, je vais les piocher là, un site hyper complet qui classe les concours par dates ou par récompenses. J’appelle ça "faire mon marché aux nouvelles". Je me cale sur le canapé, mon petit plaid, ma tisane et mon ordi qui ronronne sur mes genoux (mon chat étant un chat libre, je ne peux pas lui demander de se plier au cliché de l’écrivain) et je clique inlassablement sur chacune des lignes à la recherche du concours parfait que j’inscris ensuite sur un tableau.
Le temps
J’ai l’air organisée comme cela, mais pas du tout. Merci Magali (coucou!) pour le tableau. Tu m’économises des tas de feuilles volantes gribouillées, que je ne retrouve en général qu’après la date limite des concours. Et bien oui, le premier truc à regarder dans les concours, c’est la date à laquelle il faut envoyer le manuscrit. Si c’est pour le lendemain, je le déconseille. Cela promet une nuit blanche, une nouvelle bourrée de fautes d’orthographe, et si on a vraiment pas de chance, un hors sujet car dans la précipitation, on s’est trompé de ligne et on a répondu à un concours déjà passé. Si, si. C’est l’expérience qui parle.
Perso, il me faut au moins trois semaines pour écrire une nouvelle dont le thème m’inspire, corrections comprises. Récemment, je me suis fait avoir par le temps. Il me restait une bonne semaine avant de boucler les corrections. Laaaaaarge ! Et puis j’ai chopé le covid et j’ai traqué les répétitions avec quelques neurones en moins et sous doliprane. Bon courage au jury du concours qui va me lire!
Le thème
Elles peuvent être très variées allant du simple « l’océan » jusqu’au « Écrire trois mini-nouvelles incluant trois incipits*, dix mots et respecter un thème musical » (Celui-ci, c’est un vrai défi ! Et d’ailleurs, en allant chercher le thème de ce concours-là, je m’aperçois qu’il est à rendre pour dans trois semaines. Je m’y colle dès l’article terminé!).
J’ai une copine très douée pour cela (recoucou Magali!), qui peut écrire en un rien de temps une nouvelle incluant une quinzaine de mots qu’on lui donne sur un thème déjà imposé par un concours. Ouais, j’avoue, il y a quelque chose d’addictif et de masochiste aux concours de nouvelles…
J’ai déjà écrit à toute vitesse un début d’histoire (et oui, je n’ai pas changé depuis mes 16 ans, j’écris des débuts d’histoire, après je réfléchis, et ensuite je laisse tomber!) sur l’incipit « Ça a commencé par une piqûre sur l’orteil ». Je suis partie à fond sur de la SF, avant de me rendre compte qu’il y avait une précision sur le thème. Les lauréats seraient publiés dans une anthologie de nouvelles policières. Oups. Je ne suis pas sûre que ma fin bricolée remportera les suffrages du Jury. Réponse d’ailleurs d’ici quelques jours…
Le nombre de signes
Parfois, en faisant mon marché aux nouvelles, je croise un thème qui fait écho à une nouvelle déjà écrite et refusée par un autre concours. Cela fait un peu le même effet que confectionner un far breton et s’apercevoir que les pruneaux sont déjà dénoyautés.
Tout cela serait parfait si en général, le nombre de « SEC » était le même. Signes Espaces Comprises. Le nombre qu’affiche le traitement de texte en bas du document (par exemple, là j’en suis exactement à 5295 sec sur cet article. C’est la taille d’une petite nouvelle.)
Lorsque j’ai une nouvelle dont le thème correspond exactement, mais qui dépasse de 2000sec, il faut élaguer, couper au couteau des paragraphes entier et n’en retenir que l’essentiel. Il y a du sacrifice en l’air, parfois j’ai envie de pleurer sur une tournure de phrase qui me plaisait bien mais qui me coûtait 200 sec.
Lorsque je lis les commentaires sur les sites marchands de « Dernière course », recueil de deux nouvelles publiées l’an dernier, j’y vois régulièrement des « lecture haletante, sans temps mort » ou « rythme soutenu, sans répit, avec des phrases courtes et percutantes ». Alors oui, ça raconte l’histoire d’une fuite. Mais surtout, j’ai dû sortir 5000sec aux 32000 initiaux pour pouvoir caler cette nouvelle à un concours (qui l’a allègrement refusée). L’élagage, ça a du bon !
La récompense
Je ne fais pas ma difficile. Déjà, si je trouve un thème, un nombre de signes adéquat pour une date où je ne sacrifierais pas ma vie sociale et mes nuits pendant deux semaines, je suis déjà contente.
Mais forcément, lorsqu’on gagne un concours, on gagne le prix qui va avec. Cela peut être une somme d’argent (de 20 euros à plusieurs milliers d’euros. Même si je ne rêve pas pour ces derniers, on est beaucoup trop à concourir pour que j’espère me classer).
Cela peut être une édition dans un recueil, dans une revue ou un webzine, des lots de livres, des bons d’achat culturels. Mon meilleur lot était finalement un sac en tissus au nom de la médiathèque (quand même beaucoup plus classe que « Intermarché » pour aller faire mes courses!) remplis de petits lots très « écrivain » comme carnets, stylos et gourde pour boire ma tisane. Il y avait également le « Gnou », petit jeu de société qui a déclenché chez mon Gnome le plaisir de conter des histoires.
Le lieu
La meilleure des récompenses a été les applaudissements lorsque le jury m’a appelée et que j’ai compris que j’étais la première lauréate. J’ai traversé la foule (30 personnes ? 25?) et j’ai eu en direct les impressions des membres du jury qui avaient tous trouvé la fin de ma nouvelle « glaçante ». Comme quoi, depuis mes 16 ans, j’ai appris à écrire également les « fins ». (Et en prime, je vous donne le récit de la remise des prix, ainsi que de la nouvelle primée)
Depuis, même s’il y a des concours dans tout le pays, et qu’il m’arrive de répondre lorsque le concours est organisé par un webzine où il n’y aura de toute façon pas de remise de prix officielle, j’essaie de privilégier les concours dans ma région, pour avoir le plaisir d’assister aux résultats, que je sois lauréate ou non.
Et maintenant, je dois vous laisser pour aller concocter une histoire de 4000 sec maxi qui comportera les mots « Sortie-de-secours - Chrysalide - Chemin - Translucide - Parfum - Sonore - Paquebot - Moutons - Chuchoter - Basculer - (HELP!!!!!)
Et le tout avant le 31 décembre!
Magali, mon extension de cerveau 😊
Merci encore 😘
Ravie que mon petit tableau te soit utile ! 😘