La tradition veut que lorsque le quotidien nous rattrape, que nous n’avons plus le temps de nous retrouver pour la bière de la débauche/le barbecue dans mon jardin/la raclette mensuelle, mes potes et moi nous bloquons un week-end commun pour prendre la direction du Pays Basque (Pour les épisodes 1 et 2, va falloir faire un petit tour sur le blog car les liens hypertextes ne fonctionnent plus et je vais finir par envoyer mon ordi par la fenêtre si je retente d’en mettre un) (ou alors je suis une bille en informatique…)
Nous sommes en février 2021. Comme d’habitude, mes amis m’ont laissé choisir l’itinéraire, me faisant une confiance aveugle alors que je les ai toujours perdus dans la montagne. Là, j’ai réussi à faire encore plus fort que d’habitude, puisque je me suis trompée dès le point de départ.
Je comptais les amener au col des 3 croix, du côté d’Ainhoa. Mon esprit embrumé, la veille, leur a donné Rdv à Ascain. En entrant dans la petite ville, j’essaie de faire bonne figure auprès des amis montés avec moi dans la voiture, alors que mon esprit, peu concentré sur la recherche de l’Église où l’autre partie de la bande nous attend (ce qui nous vaudra deux fois le tour d’Ascain), répertorie les randos connues dans ce coin et sur lesquelles je pourrais me rabattre, l’air de rien.
Il y a un vent de fou. Les poubelles volent. Les gens avancent courbés sur les trottoirs. Evidemment, ça ne m’arrange pas. J’avais regardé les conditions météo et les écobuages du côté d’Ainhoa, pas d’ici.
En arrivant à l’église, personne n’a l’air surpris par mon erreur ni inquiet par ma proposition d’effectuer une autre rando effectuée il y a quelques temps et dont je me souviens (vaguement) le chemin. Nous voilà donc partis pour Ascain. Dans un sens, puis dans l’autre, parce que je ne trouve pas le point de départ de la rando (et parce que visiblement mon GPS est doué de vie propre!).
Enfin, nous y sommes ! Le sentier est, de souvenir, bien balisé. Pour moi, le plus dur est derrière. Les chiens piaffent d’impatience. Et oui, grande nouveauté cette année, pour la traditionnelle rando entre potos, nous sommes accompagnés de mon setter anglais d’un peu moins d’un an, et de son frangin du même âge, chien de mon amie. Ce sont d’adorables créatures, hyper dociles, calmes et obéissant (dans nos rêves).
Je suis en tête, sur le chemin longeant un petit ruisseau, non pas parce que j’ai la meilleure condition physique ou parce que mes amis, inconscients et amnésiques, ne se souviennent plus de mon sens de l’orientation d’un chat sans moustache, mais parce que mon chien ne supporte pas d’être à l’arrière.
Je découvre les joies de la traction avant (et du démontage d’épaule par la laisse) alors que nous grimpons sur un sentier en lacets, et me force à ne pas trop réfléchir à ce que pourra être la descente avec mon chien qui courre gaiement derrière chaque oiseau.
Après une rude pente (ouais, je ne me suis pas (encore) tout à fait remise du covid contracté en décembre), nous rejoignons la grange Martinhaurren, occasion de faire une pause à l’abri du vent (qui décoiffe ! Enfin je m’en fous, puisque j’ai déjà les cheveux collés par la transpiration et la bave de mon chien, venu me lécher le visage dès que j’ai posé les fesses sur le petit banc de bois).
Nous sommes heureux d’être là, ensemble.
Nous reprenons la route par la gauche, jusqu’à traverser un petit ruisseau. Je les invite à suivre un discret petit sentier le long d’un grillage alors qu’une belle piste entretenue (que dis-je ? Un boulevard carrément!) se détache sur la droite. Je sens le doute planer. Pourtant, la dernière fois que je suis passée par là, je me suis tellement perdue, que le chemin me paraît maintenant limpide. Nous grimpaillons (voui voui du verbe « grimpailler : avancer avec un petit dénivelé) à flanc de montagne. J’ai un poil la pression car je me souviens que le sentier à suivre bifurque brusquement du sentier principal, et que si je me le loupe, nous irons droit sur la montagne voisine (et que j’aurais du mal à rattraper le coup!).
C’est mon chien qui trouve le sentier (utilisé également par les chevreuils, les pottocks et les papillons?). Je découvre alors les difficultés de la descente tractée, à courir derrière mon chien en évitant les trous et les ornières en mode course, en appui sur les talons pour ne pas sombrer le nez en avant et me faire trainer sur plusieurs mètres par mon chien qui en bave d’excitation. Un de mes amis me met en garde avant de chuter de tout son long, ce qui me fait profondément rire (ouais, aucune empathie!).
Il ne nous reste plus qu’à traverser deux fois un ruisseau. Je n’ai pas le temps de trop réfléchir, tractée par mon chien. Mais ça me laisse le temps de filmer mes copines, légèrement (coucou les filles ! Je peux éventuellement vous faire du chantage si un jour je suis en manque d’argent!).
Quelques mètres plus loin, cachée par des arbres et buissons, accessible par un petit sentier sur la gauche, s’offre la cascade de l’Uzkaingo Erreka. Petit coin de paradis, qui m’évoque des paysages plus exotiques dans des forêts luxuriantes. Nous nous y installons pour le traditionnel sandwich au fromage, houmous, bananes et barres de céréales. Et la bière, évidemment.
Puis nous repartons, par un large sentier qui nous mènera à un col sans nom, puis de nouveau à la grange Martinhaurren. Le chemin du retour se fait sur un air de tristesse, en voyant la Rhune flamber d’un écobuage ayant mal tourné.
Le point de départ de la rando est l’occasion pour les chiens de se tremper dans le joli ruisseau, joli ruisseau dans lequel j’avais pataugé, un jour d’été, avec mon namoureux. Mais là, en plein dans l’hiver, même si le vent et le froid se sont tus et que le soleil nous chauffe les épaules, je n’y tremperais même pas un orteil !
Il est temps de repartir. Une dernière bière, assis en rond sur le parking du cimetière d’Ascain (et non d’Ainhoa, mais comment j’ai pu me planter à ce point!), puis le couvre-feu nous demande de rentrer dans mon Gers profond.
Rendez-vous en 2022 pour la quatrième édition, où le suspense demeure. Serait-il possible que je ne me perde pas ?
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